Nous avons un peu de retard sur le blog... Nous vous avions quittés à Bratislava. Nous y sommes restés une journée pour visiter et cela correspondait aussi à notre nouveau rythme calé : une journée de pause tous les 4/5 jours. Abel se sentant un peu malade, Pierre Olivier est resté avec lui à l’appartement (quelle organisation, on tombe seulement malade quand on loge en dur, ouf). La ville est agréable à visiter, avec une zone piétonne animée. On visite le centre d’art pour enfants avec une exposition sur la calligraphie et une autre sur le Bauhaus. On fera même une virée à deux avec Pierro pour visiter une exposition d’art contemporain pendant que les enfants regardent un film à l’appartement. Le lendemain, Abel se sentant toujours moyen ainsi que Malo, on fait deux équipes : une équipe (Pierre O, Malo, Abel et Elouan) prend le bateau jusque Vienne, et la deuxième enfourche leurs vélos, pour une chouette étape qui nous fera franchir le rideau de fer et traverser de charmants petits villages autrichiens. L’arrivée à Vienne se fait sur une voie verte très prisée des viennois, très animée (on traversera même un camp de nudistes le long du Danube, sur presque 1 km). Le lendemain, Abel étant fiévreux, on refait des équipes pour visiter Vienne… difficile de choisir quoi visiter tellement il y a de choses à voir ! Le centre de ville de Vienne nous fait une impression d’opulence, avec de grands et magnifiques bâtiments aux couleurs pastels qui font un peu décor en sucre de gâteaux d’anniversaire, pleins de moulures et très proprets. Nous retrouvons aussi à Vienne, de façon complètement improbable, deux cyclos que nous avions croisés sur la route et au camping : on en profite pour prendre l’apéro ensemble ! J'aurai aussi le plaisir de retrouver Floriane en soirée. Nous reprenons la route un jour plus tard que prévu sur l’eurovélo 6, et nous comprenons que nous sommes vraiment entrés sur la partie prisée de celle-ci. La grande majorité des cyclistes nous semble la parcourir dans le sens inverse de nous...et on les comprend : non seulement ça descend un peu (négligeable) mais nous avons surtout un vent de face assez fort tous les jours. La piste cyclable est royale, de chaque côté du Danube, goudronnée, large et les paysages sont magnifiques. On rentre un peu plus dans les villages autrichiens, les pistes cyclables sont largement utilisées aussi par les habitants, on se sent moins « hors-sol » qu’en Serbie ou en Hongrie. Le long du chemin, nous découvrons l’histoire de Marie-Thèrèse, impératrice d’Autriche et visitons plusieurs monuments rococo impressionnants. Malo et Lucas refont une journée en autonomie, la formule leur plait… ils avalent les 50km du jour en 2h30 (20km/h de moyenne !, bravo à eux) et arrivent pour manger au camping (nous arriverons en fin d’après midi). Les garçons (mais aussi les parents) voulaient aussi tenter de dépasser les 100km dans la journée, ça tombe bien : on a besoin d’accélérer pour rejoindre Odile, Dimitri et leurs enfants à Passau pour des retrouvailles d’une journée. Pari réussi : 107km dans la journée, pour une étape très sympa. La météo est même avec nous, il fait moins chaud et on a même quelques gouttes de pluie. Nous voyons de plus en plus de cyclos dans les campings, avec en apothéose le camping de Passau, très sympa, mais vraiment les tentes les unes sur les autres ! On en profite pour trouver quelques partenaires pour jouer au jeu des petits papiers avec nous et bien rigoler le temps d’une soirée.
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Budapest est vraiment une ville magnifique et il est très frustrant d’y être malade. Mais nous avons pu en profiter quand même en visitant la grande synagogue et le parlement, en prenant le métro du millénium et tout simplement en flânant dans les rues, aux milieu des façades. On a ensuite rejoint Szentendre où nous avons profité des expositions de peintures et de notre camping (avec piscine, petit barbecue de Chamallows et feux d’artifices du 14 juillet tiré par les étudiants français de « solar décathlon », en fête avec une centaine d'étudiants en architecture européens jusqu’à 4h du matin….). Mais nous reprenons un vrai rythme le dimanche. On enchaîne alors 4 jours de vélo pour faire 250km (!) jusqu’à Bratislava. On passe indifféremment en Slovaquie ou en Hongrie, de part et d’autre du Danube. Côté vélo toujours, le grand évènement de cette séquence est l’étape en autonomie de Malo et Lucas, qui entrent et découvrent la Slovaquie seuls, pendant toute la journée. On ne les retrouve que le soir, au camping, la tente montée, le sourire jusqu’aux oreilles, fiers d’eux. Côté tourisme, une grande surprise, et de taille, fut la cathédrale de Esztergom : plus de 70m de haut sous la coupole, le « messe solennelle » de Liszt composée et jouée par l’auteur pour son inauguration, bref, un monument étonnant. On prend aussi conscience que la Hongrie, c’est le « pays des piscines » comme le dit Elouan. Piscine donc tous les soirs (avec toboggans incroyables parfois!), mais surtout thermes dans des bassins extérieurs à 38°, à la Hongroise. Enfin, ça y est, on a viré de bord pour se retrouver plein Ouest, et on espère dorénavant, sous réserve de quelques petites adonnantes, pouvoir atteindre St Brieuc en un bord. On est sur l’EuroVélo 6. On croise beaucoup de monde. La piste est globalement très bonne et permet de bien rouler. Très agréable et valorisant donc pour l’aspect sportif. Mais l’ensemble rappelle un peu les autoroutes : un tube dans lequel se déroule une vie propre, indépendante de l’extérieur. La langue parlée sur ce tracé est l’anglais. L’ambiance est donc totalement différente d’avant où nous avions le droit aux agressions de chiens, aux flaques de boues, aux passages à gué, aux cols hors catégorie, mais aussi aux « bonjours » des autochtones en langues vernaculaires et à des courses-poursuites de folie avec des tracteurs. Mais laissons les protagonistes s'exprimer directement : Marion : "C'est beau, mais c'est un peu toujours pareil non ?" Elouan : "Il est beau le drapeau de la Hongrie. Mais Papa, pourquoi la croix est penchée ?" Papa: "??? je ne sais pas, demande à Lucas, mais savais-tu que la Hongrie a fait la révolution en 1948?" Lucas : "Bin, c'est à cause de la reine Isabelle qui a rangé la couronne de St Etienne dans un coffre trop petit et qui a donc tordu la croix, évidemment " Abel : "moi je préfère les histoires grecques, c'est plus marrant" Malo: "On pourrait aller plus vite?" Tout le monde : "Encore des nouilles !" Notre première journée en Hongrie illustre plutôt pas mal notre quotidien depuis le 5 juillet. Déjà, on roule comme des fous : 80 km en une journée et une moyenne de 17 ou 18 km/h quand on roule (on ne fera pas ça tous les jours, mais on fera quand même 300km entre le 05/07 et le 10/07!) Ensuite, on passe la frontière hongroise, rien de vraiment passionnant, si ce n’est qu’ensuite, sur une dizaine de kilomètres, on rencontre des soldats et encore des soldats, « pour éviter l’invasion des migrants » nous explique gentiment l’un d’eux. Impressionnant et très triste. Puis on arrive à notre camping, qui se révèle ne pas en être un. Beaucoup de moustiques, pas de point d’eau. On décide d’aller au camping suivant (à 13km). Rebelotte, celui-ci n’existe pas plus. Mais le lieu est sympa, avec une plage chouette, un nombre de moustiques acceptable et un terrain plat pour les tentes. Le sénateur/maire du coin nous donne même son téléphone pour qu’on l’appelle au cas où la police passerait ; il nous montre sa coupe gagnée à Thonon contre la gendarmerie nationale (française) et nous fait boire de son schnaps local (cul sec !). Plutôt un bon accueil donc. Enfin, on découvre trop tard que les minimarkets locaux ferment à 18h. Notre réchaud étant en panne, on se rabat sur nos restes de gâteaux secs, deux paquets de chips et un peu de bière achetés au café du coin, le tout en jouant au Kem's. On a vraiment bien rigolé et cette première soirée fut mémorable. Et ce d’autant plus que toute la nuit, nous avons eu le droit à de la musique, très (très) forte. Deux pêcheurs passaient par là cette nuit là… Après donc 5 jours en Hongrie du même ordre (bivouacs le long du Danube, vélo intensif, pique-nique sur la plage devant un petit feu), on se retrouve à Buda, la « perle du Danube », avec Pest. On loge dans un super appartement prêté à la dernière minute par une famille (via un échange de maison). La douche est dans la cuisine et le balcon est commun avec le reste de l’immeuble, mais on se sent ici comme à la maison. C’est chouette, on se repose et les parents en profitent pour être malades (rien que des vomissements, rien de grave donc mais l’article du blog est plus court cette fois-ci). Extrait du carnet de bord de Lucas:
Nous partons vers 8h30 sur une petite route qui longe le Danube. Vers 10h30 nous entendons des bruits d'éclaboussures et Malo s'écrie: "- La, des cerfs!" Au même moment, Abel dit: "- Wouah, regardez l'aigle!! - Oh, la vache! il doit faire au moins 2 mètres d'envergure!! je réponds. - Où ça une vache? se moque Papa - Juste devant moi, s'écrie Elouan qui est accroché derrière papa. - Ce doit être un pygargue à tête blanche, décrit maman." Quelques kilomètres plus loin, nous voyons environ deux douzaines de sangliers et de marcassins fuir devant nous. Puis nous revoyons des cerfs, puis des sangliers, puis des cerfs, puis encore des cerfs, puis des sangliers... Quand nous arrivons,(vers 14h50) nous nous dirigeons directement dans la piscine du camping où nous faisons un super water-polo! Extrait du carnet de bord de Malo:
53 kms de plat, avec chemin tout pourri. Les deux premiers kilomètres sont un supplice, mais on quitte cette torture pour une vraie route. On ne galère pas trop quelque temps, puis revient le chemin. Cette fois-ci, vraie broussaille! On longe le Danube, et il y a plein de moustiques et d'herbes m'arrivant aux genoux. La moyenne est de 8kms/h et au bout d'un moment, une pause s'impose: maman a perdu les sacoches d'Elouan. Lucas et moi marchons au soleil, mais maman nous rattrape en vélo (sans sacoche) et nous dit de faire demi-tour. Alors je retourne avec les autres et je lis, toujours au soleil (il fait très chaud et il n'y a aucune ombre sur le chemin, les sacoches étaient tombées quelques kilomètres avant...). La fin est toujours dure, malgré une grande part de route, mais la fatigue nous écrase. Nous traversons le Danube sur un grand pont plein de circulation. C'est à Belgrade, après une glace offerte par une dame sur le bord d'une grande route (Marion commence à stresser car nous sommes déjà en retard pour la remise des clefs de l'appartement, et n'avons pas de moyen de joindre le propriétaire), que le sommeil me prend, et je m'endors vite. Voilà 19 jours que nous sommes en Serbie. Après une journée de repos (04/07) à Sombor en Voïvodine, nous devrions normalement la quitter demain pour la Hongrie. L’occasion donc d’écrire quelques lignes sur ce « pays des Cédévitas (vitamines C en vente sous toutes ses formes) et des pâtes de banane enrobées de chocolat » (selon Abel et Elouan) ». Question vélo, la Serbie marque pour nous la fin des montagnes et notre arrivée sur les rives du Danube. Des étapes plates qui nous permettent de prendre conscience de nos progrès : les kilomètres ne nous font plus peur et une étape de 55km ou même de 60km est dorénavant un non-évènement. Malo mène le peloton à un rythme digne du tour de France, Lucas répond à toutes les attaques sans broncher, Abel n’en finit plus de danser et les parents assurent comme des chefs derrière. Repos tous les quatre jours environ, un peu de Cédévitas et c’est reparti ! Sur le pays lui-même, sans hésitation, le plus marquant reste la générosité de ses habitants, parfois excessive et qui nous laisse toujours un peu pantois. Nous l’avions entre-aperçue en Grèce, au camping de Dion, lorsqu’une serbe nous avait offert des gâteaux faits maison sans même nous adresser la parole. Nous la redécouvrons ici à de multiples occasions : un monsieur qui nous donne de ses fraises dans un village ; un « warmshower » qui nous offre, en plus de la douche et du couchage, 3 repas et le plein de bonne humeur ; 2 frères qui nous payent le repas et les boissons lors de notre pause midi à Cerovo ; en arrivant à Belgrade, nous encore à vélo, une dame qui offre aux enfants, vite vite, des glaces puis repart par le bus ; ces gens qui offrent des pâtes de banane enrobées de chocolat aux enfants dès qu’ils les croisent, puis qui repartent aussi sec ; ces rayons de miel et cette brochette offerts un midi... Cette générosité se retrouve aussi dans les fêtes organisées tous les soirs. On a assisté à 3 anniversaires de 18 ans et un anniversaire de 2 ans. Et on se croirait à chaque fois à un mariage : les filles sont toutes plus belles les unes que les autres, les garçons friment comme des coqs, il y a un groupe de musique, des dizaines et et des dizaines de personnes, des nappes blanches, des boulettes à facettes, etc. Bref, une vraie générosité parfois pleine d’excès, digne des films de Kusturica. On a ensuite été marqué par les rives du Danube. D’abord par le nombre de moustiques qui attaquent même en plein jour, généreux comme des serbes ! Mais aussi par l’aménagement des berges, pleines de plages, de terrains de foot bricolés, de sangliers (on a vu deux hordes au complet, papa et maman encadrant 3 ou 4 marcassins), de cerfs (si, si!), de gens à se baigner, de cygnes et de pygargues à tête blanche, de bateaux, etc. On est content, on reconnait l’ambiance de « Chat noir, Chat blanc », film dont nous avons traversé le lieu de tournage et à cause duquel Pierre O. est tout chose à chaque champ de tournesols (et ça ne manque pas). Pour fêter ça, Lucas sort (enfin!) son violon pour nous jouer Bubamara. On s'y fait bien à l'ambiance serbe. Plus anecdotique, mais c’est important pour nous, la Serbie c’est aussi une nourriture très discutable (surtout en pique-nique), les voitures Zastava, les tracteurs IMT (toujours eux) et des rues souterraines étonnantes. Enfin, la Serbie, c’est aussi le Kosovo - enfin d’après les serbes. Impressionnant de voir, devant les bâtiments du gouvernement à Belgrade, des grandes affiches exposant la photos de tous les morts « assassinés » par les terroristes de l’UCK et de l’OTAN ; impressionnant ce bâtiment de la télévision serbe, détruit par les bombes de l’OTAN en 1998, et toujours en ruine, au centre de la capitale, avec juste un petit monument à la mémoire des 17 journalistes tués alors et qui demande simplement « pourquoi ? ». On se sent tout penaud et tout honteux... |