Le 9 août, on rejoint Versailles, en camionnette pour certains (avec les vélos) et en train pour les autres. On s’installe chez Claire et Paul, à deux pas du château, dans une maison fantastique, immense et de type « vacances de bord de mer » mais en pleine ville. Premières retrouvailles le lendemain avec l’arrivée de Thomas, Philippe et Marie-Pierre. On est émus et heureux. Le 11, Marie Pierre nous accompagne même toute la la journée, malgré la pluie et les difficultés de l’étape (400m de dénivelé et plus de 60km). Il faut dire, les bagages sont dans la voiture de Philippe et Marion – et certains sont venus en vélo électrique…. Une journée géniale, qui se conclut en beauté par un apéro au camping en compagnie de tout le monde, avec jeux des petits papiers. Les jours suivants sont marqués par la pluie et surtout Thomas qui intègre pleinement le groupe jusqu’à la fin. Si les grandes plaines céréalières sont vraiment magnifiques sous un ciel changeant entre gros nuages noirs et rayons de soleil, on n’est pas trop de 7 pour se battre contre le vent. On redécouvre avec plaisir la France : on pique-nique au château de Rambouillet, on traverse Illiers-Combray, la ville de la madeleine de Marcel Proust, on visite la cathédrale de Chartres et ses vitraux, on carbure aux Carambars (et aux blagues qui vont avec), et on retrouve petit à petit, en traversant le Perche et en arrivant en Normandie, une campagne très jolie, vallonnée, faite de bocages et ponctuée par des bourgs qui abritent des petits bijoux : église aux nefs siamoises de Frazé, château fort de Nogent le Rotrou. Ça nous rappelle notre entraînement de l’été 2018 où on allait de surprise en surprise en roulant sur la Vélo Francette. On enchaîne les bonnes journées de vélo avec une vitesse d’environ 15km/h, des montées et des descentes dans la suisse normande ; les sensations sont très bonnes et si la fatigue se fait parfois sentir pour certains, on cumule les kilomètres. A Carrouges, on visite le château et on prend l’apéro le soir avec nos nouvelles copines au camping municipal. Le lendemain, on arrive à Domfront. Encore une ville dont on adore le patrimoine médiéval. Surtout arrivent à Domfront Françoise et Zabeth. Apéro au milieu des ruines du vieux château et pizzas de 1m (sic) pour tout le monde le soir offertes par Zabeth, le tout sous la pluie, qui n’arrête pas, il faut le rappeler. Le lendemain, Françoise nous accompagne à vélo et en ciré, sous la pluie qui reprend un peu de vigueur, pendant que Zabeth assure l’intendance en voiture, avec Elouan à ses côtés. Etape sportivement un peu décousue, très humide, mais très sympa. Merci beaucoup à Françoise et Zabeth ! Après une journée de repos bien méritée à St Hilaire sur Arcouët, le 19 août on retrouve... la mer ! enfin plus exactement la baie du Mont St Michel (la mer sait se faire désirer dans ces contrées). On entame alors un final de rêve, sous le soleil et dans un paysage paradisiaque. Le 19 août donc : on pédale dans le fond de la baie du Mont St Michel, pendant des km, face à ce dernier qui s’allume et s’éteint au gré des passages de nuages devant le soleil. On connaît, mais c’est à chaque fois magnifique. On mange ensuite une galette St Michel dans le bourg, on achète une tour Eiffel à Elouan, on erre dans les petites ruelles secrètes à l’abri des (très) nombreux touristes et on repart le long de la mer jusqu’en Bretagne ! Le 20, on part vers St Malo en longeant encore et toujours la côte, face au mont St Michel. On en prend plein la vue encore une fois, et on s’offre des huîtres et du vin blanc sec sur la cale de Cancale. Le soir, on admire un coucher de soleil sur le cap Fréhel, depuis notre fort Vauban du camping de St Servant. Malo mange un yahourt Malo à St Malo. On dira ce qu’on veut, c’est chouette la Bretagne. Le 21, toujours sous le soleil, et toujours en suivant la côte, on traverse Dinard pour rejoindre les Côtes d’Armor par l’Est. On découvre que chez nous aussi c’est magnifique. Pour notre plus grand plaisir, on arrive le soir chez Loïc et Catherine et au risque de faire sombrer définitivement ce blog dans l’emphase, on trouve ça génial : Malo et Marion passent la nuit à la belle étoile avec Philéas (et quelle nuit étoilée!) ; Abel s’amuse comme un fou, toute la soirée, à faire le pizzaiolo avec le four familial du fond du jardin ; on retrouve avec émotion Patrice et Milou ; bref, un petit coin de paradis qu’on vous dit ! Le 22, on roule tous ensemble (notre troupe et celle de Loïc et Catherine), on mange au cap Fréhel un bon Kouign-amann, on se baigne aux sables d’or, on recuit un peu au soleil, on est heureux. On arrive le soir à Pléneuf. Dernière nuit avant St Brieuc…. Le 23, on rejoint St Brieuc sous bonne escorte. Beaucoup d’émotions. Et un très grand merci à tout le monde ! On pédale à 16 entre Pléneuf et le fond de la baie. On arrive au jardin de Ticoat dans l’après midi pour un foot et un petit goûter. On se retrouve le soir pour un barbecue galette-saucisse. On est très émus de toutes ces attentions – et aussi de retrouver la maison. Un très grand MERCI à tout le monde.
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Budapest est vraiment une ville magnifique et il est très frustrant d’y être malade. Mais nous avons pu en profiter quand même en visitant la grande synagogue et le parlement, en prenant le métro du millénium et tout simplement en flânant dans les rues, aux milieu des façades. On a ensuite rejoint Szentendre où nous avons profité des expositions de peintures et de notre camping (avec piscine, petit barbecue de Chamallows et feux d’artifices du 14 juillet tiré par les étudiants français de « solar décathlon », en fête avec une centaine d'étudiants en architecture européens jusqu’à 4h du matin….). Mais nous reprenons un vrai rythme le dimanche. On enchaîne alors 4 jours de vélo pour faire 250km (!) jusqu’à Bratislava. On passe indifféremment en Slovaquie ou en Hongrie, de part et d’autre du Danube. Côté vélo toujours, le grand évènement de cette séquence est l’étape en autonomie de Malo et Lucas, qui entrent et découvrent la Slovaquie seuls, pendant toute la journée. On ne les retrouve que le soir, au camping, la tente montée, le sourire jusqu’aux oreilles, fiers d’eux. Côté tourisme, une grande surprise, et de taille, fut la cathédrale de Esztergom : plus de 70m de haut sous la coupole, le « messe solennelle » de Liszt composée et jouée par l’auteur pour son inauguration, bref, un monument étonnant. On prend aussi conscience que la Hongrie, c’est le « pays des piscines » comme le dit Elouan. Piscine donc tous les soirs (avec toboggans incroyables parfois!), mais surtout thermes dans des bassins extérieurs à 38°, à la Hongroise. Enfin, ça y est, on a viré de bord pour se retrouver plein Ouest, et on espère dorénavant, sous réserve de quelques petites adonnantes, pouvoir atteindre St Brieuc en un bord. On est sur l’EuroVélo 6. On croise beaucoup de monde. La piste est globalement très bonne et permet de bien rouler. Très agréable et valorisant donc pour l’aspect sportif. Mais l’ensemble rappelle un peu les autoroutes : un tube dans lequel se déroule une vie propre, indépendante de l’extérieur. La langue parlée sur ce tracé est l’anglais. L’ambiance est donc totalement différente d’avant où nous avions le droit aux agressions de chiens, aux flaques de boues, aux passages à gué, aux cols hors catégorie, mais aussi aux « bonjours » des autochtones en langues vernaculaires et à des courses-poursuites de folie avec des tracteurs. Mais laissons les protagonistes s'exprimer directement : Marion : "C'est beau, mais c'est un peu toujours pareil non ?" Elouan : "Il est beau le drapeau de la Hongrie. Mais Papa, pourquoi la croix est penchée ?" Papa: "??? je ne sais pas, demande à Lucas, mais savais-tu que la Hongrie a fait la révolution en 1948?" Lucas : "Bin, c'est à cause de la reine Isabelle qui a rangé la couronne de St Etienne dans un coffre trop petit et qui a donc tordu la croix, évidemment " Abel : "moi je préfère les histoires grecques, c'est plus marrant" Malo: "On pourrait aller plus vite?" Tout le monde : "Encore des nouilles !" Notre première journée en Hongrie illustre plutôt pas mal notre quotidien depuis le 5 juillet. Déjà, on roule comme des fous : 80 km en une journée et une moyenne de 17 ou 18 km/h quand on roule (on ne fera pas ça tous les jours, mais on fera quand même 300km entre le 05/07 et le 10/07!) Ensuite, on passe la frontière hongroise, rien de vraiment passionnant, si ce n’est qu’ensuite, sur une dizaine de kilomètres, on rencontre des soldats et encore des soldats, « pour éviter l’invasion des migrants » nous explique gentiment l’un d’eux. Impressionnant et très triste. Puis on arrive à notre camping, qui se révèle ne pas en être un. Beaucoup de moustiques, pas de point d’eau. On décide d’aller au camping suivant (à 13km). Rebelotte, celui-ci n’existe pas plus. Mais le lieu est sympa, avec une plage chouette, un nombre de moustiques acceptable et un terrain plat pour les tentes. Le sénateur/maire du coin nous donne même son téléphone pour qu’on l’appelle au cas où la police passerait ; il nous montre sa coupe gagnée à Thonon contre la gendarmerie nationale (française) et nous fait boire de son schnaps local (cul sec !). Plutôt un bon accueil donc. Enfin, on découvre trop tard que les minimarkets locaux ferment à 18h. Notre réchaud étant en panne, on se rabat sur nos restes de gâteaux secs, deux paquets de chips et un peu de bière achetés au café du coin, le tout en jouant au Kem's. On a vraiment bien rigolé et cette première soirée fut mémorable. Et ce d’autant plus que toute la nuit, nous avons eu le droit à de la musique, très (très) forte. Deux pêcheurs passaient par là cette nuit là… Après donc 5 jours en Hongrie du même ordre (bivouacs le long du Danube, vélo intensif, pique-nique sur la plage devant un petit feu), on se retrouve à Buda, la « perle du Danube », avec Pest. On loge dans un super appartement prêté à la dernière minute par une famille (via un échange de maison). La douche est dans la cuisine et le balcon est commun avec le reste de l’immeuble, mais on se sent ici comme à la maison. C’est chouette, on se repose et les parents en profitent pour être malades (rien que des vomissements, rien de grave donc mais l’article du blog est plus court cette fois-ci). Voilà 19 jours que nous sommes en Serbie. Après une journée de repos (04/07) à Sombor en Voïvodine, nous devrions normalement la quitter demain pour la Hongrie. L’occasion donc d’écrire quelques lignes sur ce « pays des Cédévitas (vitamines C en vente sous toutes ses formes) et des pâtes de banane enrobées de chocolat » (selon Abel et Elouan) ». Question vélo, la Serbie marque pour nous la fin des montagnes et notre arrivée sur les rives du Danube. Des étapes plates qui nous permettent de prendre conscience de nos progrès : les kilomètres ne nous font plus peur et une étape de 55km ou même de 60km est dorénavant un non-évènement. Malo mène le peloton à un rythme digne du tour de France, Lucas répond à toutes les attaques sans broncher, Abel n’en finit plus de danser et les parents assurent comme des chefs derrière. Repos tous les quatre jours environ, un peu de Cédévitas et c’est reparti ! Sur le pays lui-même, sans hésitation, le plus marquant reste la générosité de ses habitants, parfois excessive et qui nous laisse toujours un peu pantois. Nous l’avions entre-aperçue en Grèce, au camping de Dion, lorsqu’une serbe nous avait offert des gâteaux faits maison sans même nous adresser la parole. Nous la redécouvrons ici à de multiples occasions : un monsieur qui nous donne de ses fraises dans un village ; un « warmshower » qui nous offre, en plus de la douche et du couchage, 3 repas et le plein de bonne humeur ; 2 frères qui nous payent le repas et les boissons lors de notre pause midi à Cerovo ; en arrivant à Belgrade, nous encore à vélo, une dame qui offre aux enfants, vite vite, des glaces puis repart par le bus ; ces gens qui offrent des pâtes de banane enrobées de chocolat aux enfants dès qu’ils les croisent, puis qui repartent aussi sec ; ces rayons de miel et cette brochette offerts un midi... Cette générosité se retrouve aussi dans les fêtes organisées tous les soirs. On a assisté à 3 anniversaires de 18 ans et un anniversaire de 2 ans. Et on se croirait à chaque fois à un mariage : les filles sont toutes plus belles les unes que les autres, les garçons friment comme des coqs, il y a un groupe de musique, des dizaines et et des dizaines de personnes, des nappes blanches, des boulettes à facettes, etc. Bref, une vraie générosité parfois pleine d’excès, digne des films de Kusturica. On a ensuite été marqué par les rives du Danube. D’abord par le nombre de moustiques qui attaquent même en plein jour, généreux comme des serbes ! Mais aussi par l’aménagement des berges, pleines de plages, de terrains de foot bricolés, de sangliers (on a vu deux hordes au complet, papa et maman encadrant 3 ou 4 marcassins), de cerfs (si, si!), de gens à se baigner, de cygnes et de pygargues à tête blanche, de bateaux, etc. On est content, on reconnait l’ambiance de « Chat noir, Chat blanc », film dont nous avons traversé le lieu de tournage et à cause duquel Pierre O. est tout chose à chaque champ de tournesols (et ça ne manque pas). Pour fêter ça, Lucas sort (enfin!) son violon pour nous jouer Bubamara. On s'y fait bien à l'ambiance serbe. Plus anecdotique, mais c’est important pour nous, la Serbie c’est aussi une nourriture très discutable (surtout en pique-nique), les voitures Zastava, les tracteurs IMT (toujours eux) et des rues souterraines étonnantes. Enfin, la Serbie, c’est aussi le Kosovo - enfin d’après les serbes. Impressionnant de voir, devant les bâtiments du gouvernement à Belgrade, des grandes affiches exposant la photos de tous les morts « assassinés » par les terroristes de l’UCK et de l’OTAN ; impressionnant ce bâtiment de la télévision serbe, détruit par les bombes de l’OTAN en 1998, et toujours en ruine, au centre de la capitale, avec juste un petit monument à la mémoire des 17 journalistes tués alors et qui demande simplement « pourquoi ? ». On se sent tout penaud et tout honteux... On a quitté la Macédoine du Nord le samedi 15 juin avec un vrai pincement au cœur. Un pays qui nous a beaucoup plu.
Notre séjour fut marqué tout d’abord par une étape sportive mémorable : 82km entre Gradsko et Skopje, en suivant le Vardar. 650m de montée (plus de montées que de descentes) ; deux cols à 475m ; départ à 8h15 et arrivée à 19h. Et tout cela sous un soleil de plomb (il ne nous lâche pas en ce moment) et avec des chemins très caillouteux par moment. Mais que c’était beau (un pays de montagnes, avec de la neige encore au fond) et qu’on est fier. On a croisé des tortues et traversé des nuages de papillons. On a salué des dizaines de tracteurs rouges IMT539 (pour les grands fans de tracteurs ou éventuellement pour les fans de la Yougoslavie communiste). Et le soir, on s’est offert un vin rouge de Stobi, très agréable. Le séjour faut aussi marqué par notre visite de Skopje. Notre esprit français (et donc forcément et malgré nous très jacobin) est bien en peine de s’y retrouver : une juxtaposition de minarets et de clochers ; des appels à la prière ; une grande croix lumineuse en haut de la montagne qui domine la ville. Mais aussi des drapeaux albanais partout dans le vieux bazar, et des drapeaux turcs ; quelques drapeaux macédoniens ; des photos d’Erdogan et d’Attaturk… Plus encore, le centre ville est un lieu d’exposition de statues monumentales, réalisées ces dernières années. On y trouve Alexandre le grand, Philippe II, Tito et tout un panthéon qu’on ne sait pas toujours reconnaître. Mais on a identifié aussi Scanderbeg, le grand héros albanais, qui dominait une fresque à la gloire de l’Albanie. Pour compléter ce qu’on veut nous montrer de l’identité macédonienne, direction le musée. On apprend ce qu’est la « Macédoine géographique et naturelle » : un territoire incluant la macédoine « grecque », une partie de la Bulgarie et l’actuelle Macédoine du Nord. En 1912, la Grèce, la Serbie et la Bulgarie déclarent la guerre à l’empire Ottoman ; ils gagnent et se partagent cette Macédoine : une grosse part pour la Grèce (quasi la Macédoine antique), une toute petite part pour la Bulgarie et l’actuelle Macédoine du nord pour la Serbie. Et on fait bouger les gens pour faire correspondre cet accord avec une réalité « anthropologique ». C’est un musée dont les héros sont principalement des enfants macédoniens, tués et/ou déportés par les grecs... Où quand l’écriture de l’histoire agit sur le cours de l’histoire. Enfin, le 14 juin, on a quitté Skpoje pour le nord, direction la Serbie. On n’est pas loin du Kossovo, et on est en territoire habité par des populations albanaises. Et quel choc pour nous ! La population est effectivement albanaise, mais on découvre ce que cela veut dire : tout le monde parle albanais ; à chaque entrée de village, à chaque mairie, en haut de certaine montagne, à chaque monument un peu important, il y a des drapeaux albanais ; les gens se disent albanais. (On ressort donc notre drapeau albanais, qu’on ajoute à celui de Macédoine ; les enfants sont ravis de retourner en Albanie qui n'a laissé que de bons souvenir à chacun.) Et juste avant la frontière serbe, toujours en Macédoine, on traverse un village serbe. On le sait, un drapeau serbe flotte à l’entrée… Bref, on doit être au cœur des Balkans et les choses nous apparaissent bien compliquées – mais le sont-elles tellement finalement ? Une chose cependant est claire : les macédoniens et les albanais sont très accueillants, vraiment sympas, et tellement simples avec nous. Et quelle leçon ! Oui, décidément, on quitte ce pays avec un vrai pincement au cœur. La paroles aux héros pour conclure : Tito : « la Yougoslavie a 6 républiques, 5 nations, 4 langues, 3 religions, 2 alphabets et 1 seul parti » Lucas : « papa, c’est quoi une nation ? » PO : « ???? je ne sais plus, demande à ta maman » Elouan : « il est trop beau le drapeau serbe : il a le même aigle que celui de l’Albanie et que celui de l’église grecque » Tout le monde : « encore de la salade grecque ! » Notre camping du 2 juin fait au début l’unanimité : il est hors de question d’y rester pour notre journée de repos. On se sent très décalé avec les autochtones, qui doivent tous résider ici à l’année au vu de leur tente toute équipée avec frigo, étagères, petits pots de fleurs, sols en dur, etc. Pas de wi-fi ni même de prise électrique dans les toilettes, ce qui perturbe nos habitudes d’hommes modernes ; les douches ne sont ouvertes qu’entre 18h et 20h, les WC sont à la turc et les gens fument dedans, ce qui perturbe beaucoup les hygiénistes que nous sommes ; il y a même une femme qui se rase devant tout le monde, ce qui choque éhontément notre image civilisée de la femme. Et tous ces gens, sans exception, sont de Macédoine du nord ou de Serbie et ne parlent même pas grec ! Pourtant, quand on s’installe pour manger, notre voisine nous apporte des gâteaux, comme ça, sans parler et repart. On découvre petit à petit que tout le monde est particulièrement attentionné et qu’on doit certainement se comporter comme de vrais sauvages. Il ne doit pas falloir rester très longtemps pour se faire apprivoiser et se sentir chez soi.
Le lendemain matin, le camping fait encore l’unanimité : les gens sont vraiment « super gentils » (dixit les enfants). Ce sera notre première rencontre avec des macédoniens du nord et des serbes. On enchaine ensuite avec la visite de la Macédoine antique, ou Macédoine grecque (« la seule et unique Macédoine » proclame en gros un écriteau devant la mairie d’un village traversé). On commence par la visite de Dion, ancienne cité sacrée dédiée à Zeus, située en bas de l’Olympe. Endroit mythique encore peu valorisé et désert, où sont nées les muses. On y est très heureux et comme Alexandre avant de partir à la conquête de la Perse, on y fait le plein d’énergie mystique avant de partir dans le nord. Avant d’enfourcher nos vélos, vers 14h, comme par magie, un coup de tonnerre retentit, fort comme jamais, à faire trembler l’ensemble de la troupe. Zeus doit nous encourager du haut de sa montagne. Après une journée de repos à Makygialos, on fait ensuite un détour pour rejoindre Vergina, l’ancienne capitale de la Macédoine. On y visite la tombe, enterrée sous un tumulus, de Philippe II. On est bluffé : la visite se fait sur site, c’est à dire sous terre. Le lieux regorge d’or et d’ivoire et les mises en scène sont très réussies. On prend aussi conscience que toutes ces découvertes sont très récentes et loin d’être terminées. Un nouveau tumulus, encore plus grand, a été découvert tout près : peut-être un nouvel épisode dans le feuilleton qui entoure le mystère du tombeau d’Alexandre ? Bref, on a l’impression d’écrire l’histoire pendant nos visites, en direct. Et on continue ensuite, dans la même ambiance, par la visite de Pella, la capitale suivante du royaume antique de Macédoine. On est complètement seul en plein cagnard ; il reste des hectares et des hectares encore à défricher ; le musée est magnifique et remplit de joie Abel, mais aussi Malo avec sa salle exposant les objets trouvés dans des tombes de dignitaires locaux (vraiment chouette). Après cette plongée dans la Macédoine Grecque, nous nous dirigeons vers la Macédoine du Nord. Qui n’est donc en rien la Macédoine selon une part non négligeable de Grecs. Il faut dire que la Macédoine du Nord, lors de son indépendance en 1991, s’est auto-nommée Macédoine, a posé sur son drapeau le soleil de Vergina et s’amuse encore à construire tout plein de statues d’Alexandre à Skopje (alors qu’il n’a jamais mis les pieds chez ces montagnards)…. Le pays a donc connu un blocus de la part de la Grèce et les tensions commencent tout juste à baisser suite aux derniers changements de nom et de drapeau du pays. On entre finalement en macédoine du Nord le 8 juin, après avoir franchi un col à 200m, sur un chemin caillouteux, raviné, sablonneux, pentu, avec des flaques boueuses à traverser. Et surtout sous un soleil de plomb et une température de 35° à l’ombre (mais il n’y a pas d’ombre dans le Tartare vous confirmerait Tantale). Mais franchement, on s’est amusé comme des fous, même si l’épreuve est un peu longue pour Abel qui se bat quand même comme un vrai Mirmidon. Lundi 6 mai :
« Aujourd’hui, journée idéale du cyclotouriste en famille. Départ à 8h55 (comme prévu!) ; montée de 350m le matin dans une vallée magnifique pleine de fleurs et de cultures d’oliviers et d’orangers (les bonnes odeurs ne nous quittent pas depuis notre arrivée en Grèce) ; pause à 12h15 sur le parvis d’une petite église avec table, fontaine, minimarket et café ; on peut même acheter une bouteille (en plastique) de vin de Néméa (la même ville que celle du lion pour ceux qui connaissent, et qui est juste à côté) ; à la reprise, on finit sans problème notre col situé à 404m ; arrivée au camping dès 15h15 après une descente géniale. On découvre depuis le début de notre périple le vélo en montagne, et j’admets être conquis. D’autant plus aujourd’hui que la route était pour nous, avec tout juste quelques deux ou trois tracteurs. On peut donc rouler les uns à côté des autres et écouter les histoires d’Abel. On arrive donc à Mycènes, étape incontournable de notre voyage, après 40km de vélo. Malo et Lucas ont fini d’écrire leur pièce de théâtre et toute la famille répète au camping pour être prête lors de notre réprésentation prévue le surlendemain à Epidaure. On en profite aussi pour faire un peu de devoirs. » (Pierre Olivier) On visite Mycènes le 7 mai. Fabuleux. Le site est magnifique, en hauteur, dominant une grande vallée cultivée, avec des montagnes en neige au fond et la mer en contrebas. Champs d’oliviers, montagnes arrides, ciel bleu. En ce qui concerne les ruines, il faut aimer les ruines (ce qui est notre cas), et on n’est pas déçu. Rappelons que celles-ci datent de -1600 ans, ont été construites sous ordre de Percée (le vrai, celui qui a tué Méduse la Gorgone), et par des cyclopes ! L’histoire et les mythes se confondent, on s’amuse comme des fous. Comble de l’extase, nous sommes dans la cité d’Agamemnon (le vrai, le roi des rois, celui qui a détruit Troie). On apprend aussi l’histoire de Pélops (le vrai, le fils de Tantale, l’aïeul d’Agamemnon), autre famille illustre de la cité. Vous l’avez compris, un vrai coup de coeur pour Mycènes. Le lendemain, direction Epidaure. Etape de 41 km avec un col de 350m de dénivellé. Belle étape de vélo, même si certaines montées sont un peu rudes et nous obligent à pousser les vélos (sauf pour Malo et Lucas qui ne lâchent rien). Après quelques hésitations, on finit le soir dans un hôtel de rêve, pas cher, avec chambres immenses et un petit déjeuner mémorable. L’improvisation a parfois du bon. Abel et Elouan n’arrêtent pas de réviser leur texte pour le théâtre de demain : ils mettent un peu la pression aux autres. On enchaine ensuite sur deux jours riches en émotions. Le jeudi 9 mai, visite de la vieille Epidaure. Retour donc dans notre époque « classique » avec les figures d’Alexandre le grand, d’Asklépios bien sûr (le site lui est dédié), de Diogène, les statues de bels hommes nus, les représentations omniprésentes des dieux et autres héros mythiques, et j’en passe. Mais surtout, on joue la pièce de théâtre écrite par les deux ainés, intitulée « ‘sont pas sérieux dans les cieux » et inspirée du livre « du rififi dans les cieux ». On la joue deux fois : une fois le matin devant un public de folie constitué d’une française qui passait par là et qui nous félicite chaleureusement ; une autre fois le midi, pendant que le théâtre (bâtiment vraiment extraordinaire soit dit en passant) se vide un peu. On passe ensuite aux Asklépiades familiales constituées d’un concours de poème toujours dans le théâtre (épreuve remportée par Malo) et d’une course à pied dans le stade prévu à cet effet (épreuve remportée par Lucas). Bref, rien que du « classique », avant notre départ en vélo du vieil Epidaure, marqué par le souhait de Malo de proposer une épreuve de voltige à vélo. Résultat : un très beau « fesses-par-dessus-tête » de Malo, la fourche avant du vélo de Malo tordue (retournée même), une peur bleue pour Lucas qui suivait de près et un Pick-up intact. Rien de méchant donc. Le forgeron local nous répare la fourche sans trop de problème et nous arrivons à notre camping situé en bord de mer vers 19h. Le lendemain, on décide d’improviser une journée de repos, avec pour consigne : interdit de faire quoi que ce soit. Malo en profite pour lire toute la journée sur un transat, face à la mer bleue transparente. Abel et Lucas eux, pour passer la journée dans l’eau, à construire des bateaux en palmiers et à admirer les oursins et les poissons ; ils admirent même, avec l’aide de Marion, une véritable cité engloutie à 30m de la plage (véridique ! cf. internet). Elouan joue avec ses playmobils et les bateaux en bois de ses frères, les pieds dans l’eau. Lucas déclarera que « le paradis doit ressembler à quelque chose comme ça ». Le lendemain, on quitte le paradis pour le tartare : une montée de 200m de dénivellé en 1,5km (ce qui fait des pentes un peu raides), sous l’oeil d’Hélios en pleine forme en ce moment. Mais Malo et Pierre Olivier sont ravis et le paysage est splendide encore une fois. On arrive le soir, après avoir pris un bac, sur l’ile de Poros. La parole aux aventuriers pour conclure : Marion : « les paysages changent tout le temps, c’est beau » ; Abel : « papa, tu me racontes l’histoire des Atrides ? » Pierre Olivier : « ??? demande à Lucas » Lucas : « Bah c’est les descendants de Pélops, l’éromène de Poséidon. » Tout le monde: « Encore des nouilles ! » |